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de gaulle - Page 12

  • Amérique année zéro...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Philippe Immarigeon sur la dette américaine, publié dans le numéro de décembre 2013 de la revue Défense nationale et cueilli sur son blog American parano.

     

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    Amérique année zéro

    Certes le débat sur la dette qui va de nouveau secouer les Etats-Unis dans les prochains mois semble n’être que l’onde de choc d’une crise financière de 2008 qui n’a jamais été résolue, la poussière ayant été mise sous le tapis. Certes tous les pays industrialisés connaissent ce débat. Mais une évidence a surgi, qu’il est inconséquent d’ignorer : les Etats-Unis vont faire défaut à leur dette mais surtout à leur rôle de locomotive, et la seule question est désormais de savoir quand.

     

    Depuis que la Chambre des Représentants à majorité républicaine a rejeté, à l’automne 2008, la première mouture du Plan Paulson de sauvetage du système financier, vote inspiré par la colère de ce qu’on pourrait appeler l’Amérique profonde, on sait qu’un jour où l’autre, avec ou sans ce Tea Party né quelques semaines après ce vote mais engendré par lui, les Etats-Unis vont faire banqueroute. Rien de nouveau en soi, nombre d’historiens rappellent depuis plusieurs mois les précédents de Philippe le Bel avec les Templiers, de François II avec les banquiers transalpins ou de Sully.

     

    Il est vrai que, en cette fin d’année 2013, le Trésor américain est autorisé à emprunter jusqu’au 7 février prochain, et l’Etat fédéral est financé jusqu’au 15 janvier. Mais après ? Le déficit public sera encore de 800 milliards en 2014 et au mieux de 600 milliards en 2018, et encore si la croissance atteint 4% par an. La balance des paiements enregistre un déficit de l’ordre de 500 milliards par an depuis plus de dix ans. Le plafond autorisé de la dette va donc être franchi quelque soient les relèvements votés. La crise peut recommencer dès le début de l’année prochaine, et plus sûrement le 1er octobre prochain, premier jour de la nouvelle année fiscale, en pleine campagne électorale, moment où les élus comptent leurs troupes.

     

    Mais laissons ce débat finalement secondaire. Si les Américains vont faire défaut, c’est qu’à l’occasion du dernier rebondissement du feuilleton de la dette, celle-ci a fait irruption dans leur imaginaire collectif comme le symbole de cette intrusion de l’étranger qu’ils refusent depuis la Farewell Address de George Washington, et même depuis cette Tea Party de Boston de 1773 qui sert de raison sociale aux trublions du Congrès et qui fut déjà une prophylaxie. Ce jour-là, de surprise stratégique il n’y aura guère, d’autant que, depuis la débâcle irakienne, les Américains se replient dans leur île-continent.

     

    Certes ils font preuve d’un activisme certain en Amérique latine, au Moyen Orient ou en Asie. Mais à y regarder de près, cette agitation s’apparente à un vaste repli stratégique laissant derrière lui des marches ou ces gisements de matières premières indispensables à une société gaspilleuse. Plus que jamais, les Etats-Unis ne se sentent tenus à aucun engagement vis-à-vis du Reste du monde qui n’est pour eux, comme je l’écrivais dès 2006, que le Rien du monde. Tocqueville l’avait déjà compris : ils n’ont aucune vraie politique extérieure parce qu’ils n’ont aucun intérêt autre que ce qui leur permet de survivre.

     

    Et ils sont entrés dans un processus de survie. Car s’ils vont faire défaut c’est aussi et surtout parce qu’ils savent mieux que quiconque que leur sous-productivité ne leur permettra jamais de rembourser la dette abyssale qu’ils ont accumulée depuis le milieu des années 70, lorsqu’ils ne firent pas les mêmes efforts de productivité que le reste des pays industrialisés. Ils font semblant de faire de la croissance dans une économie subventionnée à tous les étages : c’est un Plan Marshall à l’envers. Cette croissance n’est tirée que par la production de dollars, ce qui permet de gaspiller davantage de richesses qu’il ne s’en crée.

     

    C’est ce que dénonce Charles de Gaulle dès février 1965 : « Le fait que de nombreux Etats acceptent des dollars pour compenser les déficits que présente à leur profit la balance américaine des paiements, amène les Etats-Unis à s’endetter gratuitement vis-à-vis de l’étranger, avec des dollars qu’il ne tient qu’à eux d’émettre, et alors que le dollar est un moyen de crédit approprié à un Etat ». Et tout le monde triche, parce que personne ne peut envisager que la locomotive du monde n’en soit pas une. C’est comme au Monopoly, les après-midis pluvieux de vacances bretonnes : il arrive un moment où la petite sœur n’a plus de quoi acheter l’hôtel de l’avenue Mozart, alors on lui fait une avance pour que le jeu continue, qu’il fait trop froid pour aller se baigner et qu’on est déjà allé à la crêperie hier.

     

    « Amérique, devenue cette faible main de pierre séparée d’une statue », écrivit Supervielle. Que vaut aujourd’hui ce dollar-assignat ? Lorsque Richard Nixon, en avril 1973, décide de le découpler de l’or, une once s’achète 35 dollars : quarante ans plus tard, il faut en débourser 1.200. Or les Etats-Unis refusent obstinément d’aborder la question monétaire, on le voit à chaque G-20, et ils vont encore s’y refuser lors des négociations du Grand Marché Transatlantique.

     

    D’où vient alors que ceux qui passent la Grèce en coupe réglée au nom du respect des critères de Maastricht, supplient dans le même temps les Etats-Unis de laisser filer leur déficit et de relever le plafond de leur endettement ? « Un Schpountz n’est pas un idiot, il raisonne parfaitement sur toute chose, il a même du bon sens, sauf en ce qui concerne l’Amérique », fait dire Marcel Pagnol, au début du film, à un de ses personnages… à un mot près, bien sûr. Il y a dans nos élites une véritable addiction à l’Amérique, on ne sait plus faire sans elle, et on ne lui connaît pas de méthadone de substitution.

     

    Mais un jour tout va s’arrêter. « Tout se rue sur l’empire, écrivait Giraudoux, de la chenille à l’ennemi héréditaire et aux hypothèques de Dieu. » Et cette fois-ci ce sont les Américains eux-mêmes qui vont dire : ça suffit !

    Jean-Philippe Immarigeon (American parano, 12 décembre 2013)

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  • Unité des dissidents !...

    Nous reproduisons ci-dessous un texte de Jean-Yves Le Gallou, cueilli sur Polémia et qui vise à poser quelques principes simples de résistance face à la diabolisation de la pensée dissidente par le système...

     

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    Dissidents de toute tendance, unissez-vous !

    La diabolisation est l’arme absolue des chiens de garde du système mondial dominant. Tout ce qui n’est pas politiquement correct est média-diabolisé.

    Contrairement à ce que le système cherche à faire croire ce n’est pas le fait de commettre des erreurs ou des maladresses qui conduit un homme à s’exposer à la diabolisation : c’est le courage et la lucidité.

    C’est le courage et la lucidité (et non la maladresse) qui exposent à la diabolisation.

    Or, par une singulière perversion de l’esprit public, c’est la victime d’une campagne de diabolisation que l’opinion traite en coupable.

    Quand, en 1966, De Gaulle fait sortir la France de l’OTAN, « l’ingrat », « l’irresponsable » est diabolisé. Il l’est à nouveau en 1967 lorsqu’il refuse de soutenir Israël dans la Guerre des Six Jours : une diabolisation que l’ancien chef de la France Libre paiera au prix fort en 1968 et 1969.

    Quand, en1968, Enoch Powell, espoir du parti conservateur britannique issu de Cambridge, dénonce dans un discours brillant les dangers de l’immigration, il ne « dérape » pas, il est lucide. Une lucidité qui ruinera ses ambitions légitimes.

    Lorsque Benoît XVI prononce un grand discours à Ratisbonne, il remplit, en conscience, son magistère tout comme quand il ouvre les bras de Rome aux défenseurs de la tradition catholique. Mais c’est cela qui lui vaut l’attaque des « loups » médiatiques.

    Quant aux mauvaises images de Christine Boutin et de Christian Vanneste, elles ne sont pas le produit d’ « erreurs de communication », comme des esprits irréfléchis pourraient le penser, mais de prises de position précoces, exposées et courageuses contre la dénaturation du mariage.

    Et il faut être bien naïf pour croire que Jean-Marie Le Pen a dû sa diabolisation à ses déclarations sur le « détail » : son analyse lucide de l’immigration (1983), son engagement contre les guerres américaines (1990), ses critiques du Traité de Maastricht (1992) et du libre-échange mondialiste (1993) suffisent largement à expliquer son statut de paria médiatique. En politique il n’est jamais bon d’avoir raison trop tôt !

    La fonction de la diabolisation est simple, simplissime même : interdire les propos et les actions jugées politiquement incorrectes par les dominants.

    La fonction de la diabolisation : paralyser, dénigrer, censurer, isoler, diviser

    Comme une bombe à fragmentation la diabolisation agit de façon multiple pour :

    – Paralyser celui qui en est victime dans l’espoir de lui interdire la répétition de propos politiquement incorrects pour protéger la bien pensance ;

    – Dénigrer l’auteur de propos jugés mal sonnants pour en minimiser la portée ;

    – Et légitimer l’occultation progressive du dissident et censurer l’expression de ses convictions.

    Comme la peine de mort pour les criminels, la diabolisation a aussi une fonction de dissuasion ; de dissuasion de la dissidence dont elle souligne le coût exorbitant.

    La diabolisation suivie du silence et de l’isolement débouche enfin sur la mise en quarantaine du dissident : c’est le fameux « cordon sanitaire ».

    La diabolisation est aussi un élément clé de division des adversaires du régime : chaque opposant vivant dans la crainte d’être contaminé par le voisin.

    Sortir du piège de la diabolisation : résister, contourner, jouer solidaire

    Il faut sortir du piège de la diabolisation en adoptant une stratégie courageuse et intelligente.

    D’abord, en résistant. En résistant à la tyrannie du politiquement correct et en refusant les logiques de la diabolisation. Bien se convaincre et bien convaincre – les exemples historiques sont nombreux – que c’est souvent le diabolisé qui est dans le vrai. En leur temps Jeanne d’Arc (« une sorcière »), Galilée (« un hérétique ») ou Soljenitsyne (« un houligan ») furent diabolisés.

    Ensuite, en faisant face aux vents contraires : ne pas hésiter à avoir un préjugé pour le diabolisé contre les diabolisateurs, ces chiens de garde du système.

    Enfin, en contournant les grands organes médiatiques de diabolisation par la pratique et la culture de la réinformation, le recours aux médias alternatifs sur Internet et les réseaux sociaux. Ce qui était impossible hier devient de plus en plus facile aujourd’hui : la preuve, le président Assad est en train d’échapper au sort de Milosevic et de Saddam Hussein.

    Reste un point essentiel : apprendre aux dissidents à jouer solidaires, à se respecter les uns les autres. En tout cas à éviter de se tirer dans le dos. Ou de se balancer à la police de la pensée.

    Jouer solidaire : ne pas accuser l’autre d’être « xénophobe », « homophobe », « ringard » ou « réac »

    Chacun a ses préférences dans l’expression de ses convictions et ses méthodes d’action.

    On peut privilégier la lutte contre l’immigration et la défense de l’identité nationale ou bien préférer l’engagement pour la souveraineté, le protectionnisme économique et la défense de la langue française, ou encore mettre au premier plan de sa militance le combat pour les valeurs, la défense de la vie et de la famille. A une condition que nul n’accuse l’autre d’être « raciste », « xénophobe », « ringard », « réac » ou « homophobe ».

    De même chacun est libre de choisir sa forme d’action : voter, réinformer, militer dans un parti politique, porter sa parole dans une assemblée, ou bien aller dans la rue pour manifester, conduire des actions symboliques, faire entendre aux ministres et aux oligarques ses convictions, ou bien entrer dans la résistance passive ou active. « Chaque Philoctète sait que sans son arc et ses flèches Troie ne sera pas conquise. »

    Chaque action a sa légitimité. Chacun doit respecter l’action des autres, qu’il soit militant politique, veilleur, sentinelle debout, hommen ou activiste identitaire. En France, comme hier en Irlande ou en Inde, la résistance nationale et civilisationnelle est appelée à prendre des formes différentes et complémentaires.

    Diaboliser le voisin, ce n’est pas se dédiaboliser c’est renforcer sa propre diabolisation

    Il faut se garder du piège de la division fondée sur le refus de comprendre et d’accepter ce que fait son voisin selon la logique suivante : celui qui en fait moins (ou qui agit autrement que moi) est un « lâche ». Celui qui en fait plus que moi (ou choisit des formes d’action plus spectaculaires) est un « extrémiste ». Penser cela c’est permettre au système de saucissonner ses opposants. Il ne faut pas entrer dans ce jeu.

    Il est crucial de ne pas contribuer à la diabolisation des autres ou de ses voisins. Certains se croient malins en pensant qu’en contribuant à diaboliser autrui ils se dédiaboliseront à peu de frais. Quelle erreur ! Hurler avec les loups n’est pas seulement moralement minable c’est surtout stupide car cela contribue à renforcer la diabolisation en général et, par contagion, sa propre diabolisation. C’est aussi permettre à l’adversaire d’appliquer la technique du salami : couper et manger une tranche puis… passer à la suivante.

    Il faut juger les autres sur ce qu’ils sont, sur ce qu’ils font, sur ce qu’ils disent, non sur la caricature qu’en donnent leurs adversaires. Appliquons la présomption d’innocence, ne participons pas au lynchage des diabolisés sur des on-dit.

    Les dissidents de l’identité nationale et civilisationnelle n’ont qu’un seul adversaire : les tenants du politiquement correct et de l’idéologie unique qui veulent abolir toutes les frontières, frontières physiques des nations et des peuples, frontières morales que sont les traditions.

    Bref, il faut jouer solidaire ! Dissidents de toute tendance, unissez-vous !

     Jean-Yves Le Gallou (Polémia, 14 octobre 2013)

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  • Face à la décadence des valeurs...

    Nous reproduisons ci-dessous une intervention d'Yvan Blot au colloque de l'Institut de la démocratie et de la coopération, qui s'est tenu le 10 juin 2013, à l'assemblée nationale, sur le thème "La Grande Europe des Nations : une réalité pour demain ?". Un point de vue qui peut faire débat quant à la place qu'il accorde au christianisme, notamment...

    Fondateur du Club de l'Horloge, Yvan Blot, qui préside actuellement l'institut néo-socratique, est notamment l'auteur de L'héritage d'Athéna ou Les racines grecques de l'Occident (Presses bretonnes, 1996) ainsi que d'un essai intitulé L'oligarchie au pouvoir (Economica, 2011).

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    La Russie et l'Europe face à la décadence des valeurs

    Le problème des valeurs

    Les valeurs ne sont pas une connaissance. Le vrai, le bien et le beau sont des objectifs pour l’action. Leur origine n’est pas la création par un petit père des peuples, ou par une commission interministérielle mais elle est immémoriale.   L’Europe et la Russie partagent des valeurs communes parce qu’elles sont issues de la même civilisation, issue de la Grèce et de Rome, transfigurées par le christianisme. Refuser que l’Europe soit « un club chrétien » comme l’ont dit plusieurs politiciens comme Jacques Delors ou le premier ministre turc Erdogan revient à nier l’identité historique de l’Europe.

    Les valeurs montrent leur importance sociale à travers leurs fruits. Le meurtre ou la malhonnêteté ne sont pas généralisables. La société s’effondrerait. L’honnêteté ou le respect de la vie sont généralisable. Le fait d’avoir des enfants aussi. C’est le signe qu’on est en présence de valeurs authentiques.

    Le problème des valeurs est qu’elles ne sont pas issues de la raison comme l’ont montré des philosophes comme Hume ou le prix Nobel Hayek. Elles se situent entre l’instinct et la raison. Le 18ème siècle européen avec son culte de la raison et son éloge de la libération de la nature, donc des instincts a été une catastrophe pour les valeurs. La raison, cette « crapule » comme disait Dostoïevski, a servi à justifier les instincts. Or les hommes ont une vie instinctive chaotique à la différence des animaux. L’homme a par nature besoin des disciplines de la culture, de la civilisation, comme l’a écrit l’anthropologue Arnold Gehlen. Du 18ème siècle a nos jours, on a assisté en Occident à la destruction des valeurs traditionnelles issues du christianisme et du monde gréco romain. Quatre faux prophètes ont joué un rôle majeur : Voltaire, Rousseau, Marx et Freud. Au 20ème siècle, les idéologies scientistes totalitaires ont provoqué des meurtres de masse au nom de la raison.

    Plus récemment, la révolution culturelle des années soixante, partie des universités américaines, a affaibli nos valeurs de façon décisive avec des slogans tels que « il est interdit d’interdire » ou « il n’existe pas d’hommes et de femmes mais des choix subjectifs d’orientation sexuelle ».

    Le fait est que le nombre de crimes et de délits en France resté stable autour de 1, 5 millions d’actes entre 1946 et 1968  a monté depuis lors au chiffre de 4,5 millions. Le record des prisonniers est détenu de loin par les Etats-Unis d’Amérique où le nombre de meurtre par habitant est quatre fois celui de la France. Face à cette situation, les gouvernements n’ont guère réagi sauf celui de la Russie.

    Si l’on reprend les quatre causes d’Aristote matérielle, formelle, motrice et finale, on a quatre groupes de valeurs culturelles qui sont le socle de la civilisation et de la société, on a les valeurs comme normes obligatoires incarnées par l’Etat et le droit, on a les valeurs familiales qui s’étendent aussi à l’économie et enfin les valeurs spirituelles incarnées par les religions. Dans quelle situation sommes-nous par rapport à ces quatre groupes de valeurs ? L’utilitarisme américain qui réduit l’homme à une matière première de l’économie remet en cause beaucoup de nos valeurs traditionnelles.

    Les valeurs culturelles et morales

    L’Europe et la Russie ont dans ce domaine un héritage majeur, celui de l’Empire romain et des anciens Grecs. Il s’agissait de la « paidéia », l’éducation de l’homme afin qu’il devienne « beau et compétent » de corps et d’âme (kaloskagathos). D’où la recherche de l’excellence morale par l’exemple des grands hommes de l’histoire. Cette éducation humaniste, qui était aussi bien catholique que laïque en France, a été reniée. On cherche à former des techniciens et des commerciaux sans culture générale et non des citoyens autonomes. L’homme doit devenir un simple rouage de la machine économique comme l’a montré le philosophe Heidegger. On assiste à un effondrement de la culture générale et de la lecture. En même temps, le sens moral s’affaiblit, à commencer chez les élites car « c’est toujours par la tête que commence à pourrir le poisson ». 

    Au nom des droits de l’homme, on sape la morale traditionnelle car on ignore la nature véritable de l’homme. Celui-ci a trois cerveaux, reptilien pour commander les instincts, mammifères pour l’affectivité (mesocortex) et intellectuel et calculateur (neocortex). En Occident, le cerveau affectif qui commande le sens moral n’est pas favorisé : il est considéré comme réactionnaire ! La morale est réactionnaire ! Seuls sont promus le cerveau reptilien (les instincts) et le cerveau calculateur (intelligence) mis au service du reptilien. Cela donne des personnalités au comportement déréglé comme un ancien directeur du FMI. Plus gravement, cette dégénérescence a produit aussi les criminels comme Hitler ou Pol Pot ! La raison au service de l’agression reptilienne, c’est la barbarie !

    Il faut réaffirmer l’importance de la morale, notamment civique, laquelle n’est pas fondée sur la raison mais sur des traditions que l’on acquiert avec l’éducation du cœur, comme l’a toujours affirmé le christianisme. C’est essentiel pour l’Europe comme pour la Russie. Nous partageons l’idéal de la personne qui recherche l’excellence, idéal issu des anciens Grecs, de l’empire romain et du christianisme.

    L’offensive contre les valeurs familiales

    A partir de mai 1968  pour la France, les valeurs familiales se sont effondrées. Le mot d’ordre de mai 68  était « jouir sans entraves » comme disait l’actuel député européen Daniel Cohn Bendit accusé aujourd’hui de pédophilie. Depuis les années soixante dix, un courant venu des Etats-Unis, la théorie du genre, affirme que le sexe est une orientation choisie. Le but est de casser le monopole du mariage normal, hétérosexuel. Depuis les mêmes années, la natalité s’effondre dramatiquement en Europe. L’Europe ne se reproduit plus et sa démographie ne se maintient en quantité que par l’immigration du tiers monde. Le tissu social se déchire par les échecs familiaux et par l’immigration de masses déracinées. La France favorise la gay pride, autorise le mariage gay et réduit les allocations familiales. Par contre, la Russie créé pendant ce temps une prime de 7700 euros à la naissance à partir du deuxième enfant, et crée une fête officielle de l’amour de la fidélité et du mariage avec remises de décoration.

    Une idéologie venue des Etats-Unis affirme le choix de vie « childfree » (libre d’enfants) opposé à « childless » sans enfants par fatalité. Avec une telle idéologie, l’Europe contaminée est en danger de mort démographiquement. Ce  fut le cas de la Russie après la chute de l’URSS  mais le redressement s’affirme depuis trois ans environ.

    Il faut aussi lier les valeurs familiales et celles de la propriété et de l’entreprise. Dans le passé, la famille était la base de l’économie. Le système fiscal français démantèle la propriété et empêche les travailleurs d’accéder à la fortune par le travail. On sait grâce aux exemples allemand et suisse que les entreprises familiales sont souvent les plus efficaces et les plus rentables.  Or on est dans une économie de « managers » de gérants qui cherchent le profit à court terme pour des actionnaires dispersés. L’Etat est aussi court termiste dans sa gestion et s’endette de façon irresponsable, droite et gauche confondues. Une société sans valeurs familiales est aussi une société tournée vers le court terme, qui se moque de ce qu’elle laissera aux générations futures. Là encore, l’Europe pourrait s’inspirer de la récente politique familiale russe et la Russie avec son faible endettement est un bon contre-exemple par ailleurs.

    La crise des valeurs nationales.

    Le socialiste Jaurès disait : « les pauvres n’ont que la patrie comme richesse » : on cherche aujourd’hui à leur enlever cette valeur. La patrie repose sur un certain désintéressement des hommes : mourir pour la patrie fut un idéal de la Rome antique à nos jours. La marginalisation des vocations de sacrifice, celle du soldat et celle du prêtre n’arrange rien. La classe politique est gangrenée par l’obsession de l’enrichissement personnel. La patrie est vue comme un obstacle à la création de l’homme nouveau utilitariste et sans racines. 

    En outre en France surtout, on a cherché à dissocier le patriotisme de l’héritage chrétien, ce qui est contraire à tout ce que nous apprend l’histoire. L’Eglise dans beaucoup de pays d’Europe a contribué à sauver la patrie lorsque celle-ci notamment était occupée par l’étranger.

    La patrie, du point de vue des institutions politiques, est inséparable de la démocratie. Or en Europe à la notable exception de la Suisse, on vit plus en oligarchie qu’en démocratie. Ce n’est pas nouveau. De Gaulle dénonçait déjà cette dérive. Il faut rétablir une vraie démocratie,  au niveau national comme de l’Union européenne, organisation oligarchique caricaturale, et ré enseigner le patriotisme aux jeunes pour retisser un lien social qui se défait. 

    La marginalisation des valeurs spirituelles

    L’Europe comme la Russie sont issues d’une même civilisation issue de l’Empire romain et du christianisme. Le christianisme est unique en ce qu’il est une religion de l’incarnation, du Dieu fait homme pour que l’homme puisse être divinisé comme l’ont dit Saint Athanase en Orient et saint Irénée en Occident. Le christianisme met donc l’accent sur le respect de la personne humaine que l’on ne peut séparer des devoirs moraux.

    Cet équilibre est rompu avec l’idéologie des droits de l’homme où les devoirs sont absents. Dostoïevski, cité par le patriarche russe Cyrillel II  a montré que la liberté sans sens des devoirs moraux peut aboutir à des catastrophes humaines. De même l’égalité sans charité débouche sur l’envie, la jalousie et le meurtre comme les révolutions l’ont montré. Quant à la fraternité, sans justice, elle débouche sur la constitution de mafias, qui sont des fraternelles mais réservées aux mafieux  au détriment des autres.

    L’égalité en droit des différentes religions n’est pas en cause. Mais il n’y a rien de choquant à reconnaître le rôle du christianisme dans notre histoire commune et à en tirer des conséquences pratiques. Comme l’a dit l’ancien président Sarkozy, un prêtre peut être plus efficace pour redonner du sens moral et retisser le tissu social que la police ou l’assistance sociale. Il en appelait à une laïcité positive, non anti-religieuse.

    Là encore, la Russie tente une expérience intéressante qu’il ne faut pas ignorer de collaboration entre l’Etat et l’Eglise. La destruction du rôle public des Eglises a mené au totalitarisme, à un Etat sans contrepoids moral ; il ne faut pas l’oublier.

    Redressement culturel et démocratie authentique

    Qui pousse en Occident à l’effondrement des valeurs traditionnelles ? Ce n’est certes pas le peuple mais plutôt les élites profitant de leur pouvoir oligarchique, médiatique, financier, juridique et en définitive politique sur la société. Si on faisait un référendum sur le mariage gay, on aurait sans doute des résultats différents du vote de l’Assemblée Nationale.

    Ce qui caractérise l’Europe d’aujourd’hui est une coupure croissante entre les élites acquises à la nouvelle idéologie pseudo religieuse des droits de l’homme et le peuple attaché aux valeurs traditionnelles de la famille, de la morale classique et de la patrie.

    Ce fossé, par contre, existe moins, semble-t-il en Russie où le président et le gouvernement reflètent bien la volonté populaire, quitte à être critiqués par quelques oligarchies occidentalisées. C’est pourquoi je pense, contrairement à une idée reçue, que la Russie d’aujourd’hui est sans doute plus démocratique que la plupart des Etats européens car la démocratie, c’est d’abord le fait de gouverner selon les souhaits du peuple. En Occident, les pouvoirs sont manipulés par des groupes de pression minoritaires. Ils négligent la volonté du peuple et la preuve en est qu’ils ont peur des référendums.

    La démocratie russe est jeune mais est-ce un défaut ? Une démocratie trop vieille peut être devenue vicieuse et décadente, et perdre ses vertus démocratiques d’origine pour sombrer dans l’oligarchie. La Russie est donc peut-être plus démocratique car plus proches des valeurs du peuple que nos oligarchies occidentales dont de puissants réseaux d’influence souhaitent changer notre civilisation, la déraciner, créer de toutes pièces une morale nouvelle et un homme nouveau sans le soutien du peuple. Démocrates d’Europe et de Russie ont en tous cas un même héritage culturel à défendre et à fructifier face à ces réseaux.

    Face au déclin des valeurs, déclin surtout importé d’Amérique depuis les années soixante, il appartient donc à l’Europe et à la Russie de faire front commun pour défendre les valeurs de la nation, de la démocratie, de la culture classique avec son héritage chrétien. Comme disait De Gaulle, il faut s’appuyer sur les peuples d’Europe de ‘Atlantique à l’Oural, ou plutôt à Vladivostok. Il a écrit dans les Mémoires de guerre : «  Les régimes, nous savons ce que c’est, sont des choses qui passent. Mais les peuples ne passent pas ». J’ajouterai qu’il en est de même de leurs valeurs éternelles car elles sont inscrites dans la nature humaine et dans la transcendance ».

    Yvan Blot (Institut de la démocratie et de la coopération, 10 juin 2013)

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  • Tour d'horizon... (51)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur Marianne, Thomas Vallières découvre que le monde est difficilement compréhensible avec les grilles de lecture fournies par Disney et BHL...

    Egypte-Syrie : Faut-il occulter ces vérités qui dérangent ?

    Rebelle mangeant le coeur d'un soldat syrien.jpg

     

    - sur Causeur, Florian Philippot dénonce le suivisme de la France par rapport aux États-Unis et l'abandon de la vision gaullienne de la politique étrangère...

    La France ne doit pas légitimer l'ingérence américaine

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  • Les leçons amères à tirer de l'affaire Prism...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue intéressant de Christian Harbulot , cueilli sur Infoguerre et consacré à l'affaire Prism. Le comportement méprisable du gouvernement français avec l'avion du président bolivien Evo Morales, qui était susceptible de transporter le transfuge Edward Snowden, vient malheureusement confirmer toute la pertinence de son analyse...

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    Les leçons amères à tirer de l'affaire Prism

    La divulgation du système d’espionnage américain par l’ex consultant de la NSA Edward Snowden ouvre une brèche beaucoup plus importante que l’affaire Wikileaks dans le système de croyance édifié par les Etats-Unis aux lendemains de la seconde guerre mondiale.  L’affaire Prism a fait voler en éclats les fondements mêmes du credo sur la démocratie. On pourrait la résumer en trois actes d’accusation : violation de secrets d’Etats étrangers, accès illimité aux informations économiques de pays concurrents, lecture potentielle des données personnelles des citoyens du monde sur les réseaux sociaux.

     

    Les preuves fournies par le citoyen américain Edward Snowden remettent en cause le discours que les Etats-Unis affichent depuis leur création sur la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes. Si l’affaire Wikileaks a fait de la diplomatie américaine une référence mondiale qui faisait passer au second plan les autres discours diplomatiques, l’affaire Prism ramène les Etats-Unis à la case départ de la Real Politik. Suite à ces révélations, la démocratie américaine ne peut plus prétendre être un modèle pour les autres peuples du monde car elle fait le contraire de ce qu’elle dit, ne serait-ce qu’en ne respectant pas le secret de correspondance qui fut une des libertés élémentaires arrachées aux régimes absolutistes ou totalitaires.
    Cette situation nouvelle a déjà des conséquences spectaculaires. Elle mine la légitimité populaire des élites politiques des démocraties occidentales qui s’étaient habituées silencieusement depuis des décennies à assumer le poids et le prix de la surveillance américaine de leur comportement. Il n’est pas étonnant que les premières réactions politiques de rejet de l’attitude américaine viennent d’Allemagne par la voix du gouvernement fédéral. A cette posture diplomatique s’ajoute la publication par le magazine Der Spiegel de nouveaux éléments sur le ciblage par l’espionnage américain de l’Union Européenne mais aussi de la France. Contrairement à la France, l’Allemagne a une stratégie de puissance qui lui permet aujourd’hui de s’affirmer de manière beaucoup plus mature sur la scène internationale. L’absence de réaction de l’Elysée au début de l’affaire et le motus bouche cousue de la classe politique, de gauche comme de droite pendant la première période de la crise, en dit long sur notre attentisme à l’égard des Etats-Unis d’Amérique.
    L’affaire Prism a pris tout ce petit monde à contrepied. La France a du mal à se penser en dehors de son statut de petite moyenne puissance aux marges de l’empire dominant, position parfois ô combien inconfortable comme le démontre l’affaire Prism. Le fait que nous soyons incapables d’élever la voix aux côtés de l’Allemagne, « redimensionne » la valeur de nos attributs de puissance militaire et diplomatique. Sans armes nucléaires, sans fauteuil au conseil de Sécurité de l’ONU, l’Allemagne fait mieux que nous. Puissance bridée depuis 1945, elle a renversé son statut de vaincu en statut de puissance assistée (économiquement et militairement) au cours de la guerre froide pour maintenir l’équilibre des forces entre l’Est et l’Ouest. La chute du Mur et la réunification lui ont donné un nouvel élan au sein de la dynamique européenne. Berlin, contrairement à Paris, sait jouer le double jeu. Plus proche des Etats-Unis par le lien transatlantique hérité de la guerre froide, sa voix porte d’autant plus fort lorsqu’elle est la première à demander des comptes aux Etats-Unis.
    L’absence de réaction française jusqu’à l’intervention officielle de Laurent Fabius ce dimanche est l’instrument de mesure parfait de notre véritable place dans le concert des nations. Contrairement à Berlin, Paris semblait attendre patiemment la fin de cette tempête informationnelle. Mais les dernières révélations sur l’espionnage de l’Union Européenne et même de la France ont brisé le mur du silence, du moins à gauche car la droite a encore du mal à se faire entendre sur ce dossier. Les images d’un Barack Obama qui essaie de substituer à l’image dégradante de son empire, celle du premier Président noir des Etats-Unis en voyage en Afrique du Sud, ne suffisent plus à masquer ce scandale à rebondissement. Certes, on peut toujours rêver dans l’hexagone en se demandant qui osera revenir un jour sur ce statut instable de vassal de l’empire, jamais assumé devant l’électorat. Le seul dirigeant politique français à s’être démarqué de cette dépendance à l’égard des Etats-Unis fut le général de Gaulle. Et il n’est pas inutile de rappeler qu’il était à l’époque très isolé dans son propre camp sur ce dossier majeur.

    Christian Harbulot (Infoguerre, 1er juillet 2013)
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  • De Gaulle, Jean Monnet, l'Europe et l' Allemagne...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un extrait de l'émission Ce soir ou jamais du 10 mai 2013, animée par Frédéric Taddeï au cours de laquelle Marie-France Garaud intervient sur la question européenne et sur l'Allemagne et rappelle quelques vérités sur Jean Monnet, l'agent américain...

     

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